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Bob Marley (1945-1981) aurait eu 75 ans cette année.

Une éternité pour celui qui quitta ce monde à 36 ans, après une longue bataille contre le cancer. Pour ce portrait fleuve, Kevin MacDonald, réalisateur du Dernier Roi d’Ecosse,a bénéficié de l’appui des proches de la star. Résultat : une multitude d’anecdotes, des archives inédites entrecoupées d’interviews du musicien et quelques révélations sur des aspects méconnus de sa vie. Lire la critique : Bob Marley, le messie qui a transporté le Bourget

Fruit des amours clandestines d’une mère jamaïcaine d’origine ghanéenne et d’un père anglais capitaine de la Royal Navy qui les abandonne, Bob Marley sera toute son enfance rejeté, dans ce comté du Middlesex particulièrement pauvre où il est né et où on ne lui confie que des tâches ingrates. A l’adolescence, Bob Marley quitte la misère de la campagne pour celle du ghetto de Trenchtown à Kingston, où il se lance dans la musique et le sport, se trouve une raison de vivre dans le rastafarisme – religion qui prône la paix, l’amour et l’unité –, et vénère Haïlé Sélassié Ier, empereur d’Ethiopie, considéré comme la réincarnation du Christ. Le voilà qui se fait pousser des dreadlocks. Il fume de façon immodérée la marijuana, « cette drogue sacrée qui permet de communiquer avec Dieu ». Il adopte un régime alimentaire sain et prend soin du corps « que lui a donné le Créateur ».

Emblème de son île

Mystique tout en ignorant rien des réalités sociales, Marley qui fonde avec ses camarades The Wailers (« les geignards » en anglais), n’écrit pas des chansons aussi commerciales que le souhaiterait le manageur du groupe. Mais dans cette Jamaïque qui vient de devenir indépendante, le succès arrive relativement vite. La carrière de Bob Marley décolle, il veut réussir, quitte à laisser quelques camarades au bord du chemin. Il devient dans le monde l’emblème de son île, jusqu’à ce moment historique, en 1978, où il donne le One Love Peace Concert à Kingston devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, et fait monter sur scène les deux rivaux politiques Michael Manley et Edward Seaga, symboles d’une Jamaïque encore très divisée. Lire le focus : Non, Bob Marley n’a pas été tué par la CIA

Multipliant les témoignages, Kevin MacDonald dresse un portrait complet de l’artiste, tout en apportant de nombreux éclairages sur le reggae. Le documentaire, sans tomber totalement dans l’hagiographie, ne s’attarde cependant pas sur les traits de caractère les moins séduisants de Bob Marley… L’hommage demeure, somme toute, très officiel.

Source: le monde.